Loinaître (2023)




2 canaux 96Khz, 5’30’’


Prix petites formes, Tout Pour la Musique Contemporaine 2024


Bastille de Grenoble, Festival Culturel Universitaire, France 2024

Floating Sound Gallery, Acousmonium, Vienne, Autriche 2024
(Acousmonium : Alcôme, Interprète : Chirstian Eloy)     

CRR de Paris, Musiques à réactions, France 2024
(Acousmonium : Alcôme)     

Radio Campus Grenoble, 90.8FM, France 2024

La Matrice, TPMC, Paris, France 2024

Comptoir de la Victorine, Supersonique, Marseille, France 2023
(Interprète : Tfen Guilloux / Sarah Ouazzani)     



“ Un être, au loin, naître. “






Relevé d’interprétation graphique de l’œuvre, 2023





Terminée en février 2023, Loinaître est la poursuite d'un triptyque de pièces questionnant le son fixé et son rapport intime avec le compositeur. Ce triptyque a commencé avec une pièce intitulée Mémoroses (2022) qui met en avant la question du rapport entre le compositeur et le monde qui l'entoure. La pensée qui découle de cette pièce est la suivante : par le biais de l'enregistrement, le compositeur qui fixe un monde sonore sur support détruit son rapport intime avec lui. La réécoute de ces sons dans leur contexte naturel le renvoie à sa pièce et par extension à son propre ego ce qui le coupe du monde. Cette seconde pièce Loinaître tente de résoudre ce problème en donnant un nouveau sens à ces matériaux, c'est-à-dire en les transformant puis en leur donnant un élan d'espace qui aboutira à la dernière pièce de ce triptyque Résurrecson en multiphonie.


Loinaître est composée en trois mouvements, remarquables par leurs leitmotivs finaux puis leurs silences (à 1'40'' et 3'20''). La pièce est en 96Khz et possède une assez grande dynamique.


Les matériaux principaux de cette pièce sont un tournage sonore d'une "bataille" d'oiseaux réalisé dans la forêt de Bondy (couple ORTF de Rode NT-5), une prise de son mono de guimbarde (Oktava MK-012), une séquence jeu de frottements de couteau sur du marbre (couple de Rode NT-5), une trame fabriquée avec le synthétiseur virtuel Vital et quelques objets composés crées à partir d'un DX21.


Étant l'un des enjeux de cette pièce, ces matériaux ont été lourdement transformés et ce, presque toujours en dehors de la STAN (ici Reaper) réservée pour moi à l'écriture. La première technique que j'ai utilisée (que l'on entend dès le début de la pièce) consiste à ce que je pourrait appeler grossièrement "un resampling de cluster à réinjection" (cette technique me viens de l'ancienne utilisation d'un AKAI S2000). Je m'explique : cette technique consiste à enregistrer un son en mémoire d'un échantillonneur, jouer un cluster évolutif avec, c'est-à-dire que les échantillons doivent être jouées en "one-shot" sur le plus d'octaves possibles (avoir un grand clavier MIDI) pour permettre une grande expressivité puis enregistrer cette séquence. Ensuite avec cette séquence, on refait la même chose autant de fois qu'il faut jusqu'à obtenir le résultat souhaité, il s'agit d'une réinjection manuelle en quelque sorte. Pour cette pièce je l'ai fait avec mes sons d'oiseaux mais isolés par filtrages (Izotope Iris 2) pour garder presque uniquement la fondamentale du chant. Pour la gimbarde celle-ci est entre autre transformée à partir de cette technique mais au préalable séquencée aléatoirement dans un patch VCV Rack aux glissendis prononcés puis parfois retransformée avec un plugin de chez Unfiltered Audio (Fault). Anecdotiquement, il y a une transformation un peu similaire à la technique de l'échantillonneur (mais faite avec le delay d'un H3000) dans le troisième mouvement, une transformation imitant un shepeard tone faite avec le GRM Fusion dans le deuxième mouvement et quelquefois des sons obtenus avec un patch d'un autre plugin de chez Unfiltered Audio (SpecOps).



Enfin, tout a été composé sur Reaper (non dans l’ordre des mouvements d’ailleurs) avec les techniques les plus fondamentales de la bande magnétique (montage, transpositions) et mis en espace avec une seule instance de réverbération (émulation Quantec QRS XL) par une technique assez singulière que j'apellerais "envoi par montage". Je m'explique, cette technique a consisté dans cette pièce à couper la session en deux : une partie dry et une partie wet. Au lieu de faire des envois de réverbération via des automations de départs auxiliaires, le principe est de placer le son tantôt dans la partie dry tantôt dans la partie wet (pistes en noir sur la capture d’écran de la session plus haut). Cela permets pour moi d'obtenir une mise en espace dynamique via l’expressivité du montage.


Capture d’écran du projet Reaper